Depuis ces dernières années, de nombreuses critiques et mises en garde sont faites autour de l’utilisation des tablettes numériques.

On peut citer quelques exemples comme cette alerte énoncée conjointement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en 2010 puis par une  étude américaine publiée dans la revue Applied Ergonomics qui annonçait que le rayonnement est émis par les LED utilisées pour le rétroéclairage des tablettes numériques perturbe la production de mélatonine, hormone intervenant dans le sommeil.

Ensuite, ce fut la posture de notre corps lors de l’utilisation d’une tablette qui fut analysée : utilisation sur les genoux sans support ou avec support, utilisation sur une table avec un support positionné au minimum ou maximum de sa capacité.

L’ensemble des résultats a montré une inclinaison de la tête plus prononcée pendant une utilisation sur tablette que sur un ordinateur, pouvant engendrer des cas de torticolis et autres inflammations ou tendinites dans la nuque, sans parler de douleurs musculaires aux épaules ou aux bras.

Des cas de tendinites du pouce ont même été évoqués dans le cadre de rédactions compulsives de SMS sur de petits claviers. (si si, je l’ai lu dans un article sur le sujet !).

Tant est si bien, que les conclusions issues d’une étude menée par Jack Dennerlein, chirurgien orthopédique et spécialiste en santé publique à Harvard (Etats-Unis) nous indiquaient que l’utilisation des tablettes numériques «suscitait de réelles inquiétudes sur le développement de douleurs du cou et des épaules».

En précisant toutefois que le seul cas où la posture s’approchait de la neutralité était lorsque la tablette était posée sur une table et son support relevé au maximum, ce qui évitait un angle de vision trop bas. Bref à s’approcher d’une posture équivalente à l’utilisation d’un …PC.

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Des ophtalmologues de l’American Optometric Association ont également émis des réserves sur l’utilisation des tablettes numériques électroniques (comme pour des ordinateurs ou smartphones), indiquant que les écrans peuvent provoquer le syndrome de la vision artificielle (SVA). Le syndrome de la vision artificielle se manifeste via les symptômes suivants: fatigue visuelle, maux de tête, difficulté à fixer un objet particulier et sécheresse oculaire.

Les personnes les plus exposées au SVA sont celles qui passent au moins deux heures successives par jour devant un écran et de nombreux utilisateurs de tablettes en sont déjà atteints sans le savoir. Il est conseillé de faire de petites pauses toutes les 20 ou 30 minutes et de focaliser son regard sur un objet lointain pendant quelques secondes.

Et puis, je me devais de terminer cette longue liste de griefs par cet exemple où les aimants de l’ipad2 dérèglent les implants cardiaques (podcats à écouter sur le site d’Euope 1).

De fait, devant ces mises en garde, il était évident que l’on positionne quelques règles autour de l’utilisation des tablettes par nos enfants. Car il n’a pas valu attendre très longtemps avant de voir les constructeurs s’intéresser à cette nouvelle cible…sous le couvert de tablettes éducatives.

Et là, le tableau des effets potentiellement pervers, est plus qu’alarmant !

  • Risque de développer des maladies à l’âge adulte (hypertension, diabète, maladies cardiaques, surpoids…), en raison d’une sédentarité très mal adaptée pour leur âge.
  • Mauvaises postures.
  • Effets négatifs du tactile sur le développement moteur des mains et des doigts des enfants : ces derniers n’utiliseraient plus suffisamment les muscles nécessaires à l’apprentissage de l’écriture.
  • Troubles du sommeil sont également à craindre : excitation, énervement, chute de la mélatonine (hormone du sommeil).
  • Répercussions psychologiques : Etude de l’Académie des sciences qui indique « qu’avant six ans il faut éviter toute tablette personnelle (ou console) car l’enfant doit d’abord mettre en place ses repères réels dans l’espace et dans le temps avant de pouvoir plonger dans le virtuel ». L’académie Américaine de pédiatrie va plus loin dans ses recommandations sur l’utilisation de tablettes ; aucun contact avec les écrans tactiles de ces appareils pour les enfants de moins de deux ans.
  • Exposition potentiel des enfants à un rayonnement électromagnétique préjudiciable à leur santé.

Alors, à ce moment de lecture de cet article, vous devriez regarder votre tablette du coin de l’œil avec anxiété ou vous en éloigner promptement, si vous étiez en train de consulter cet article sur …votre tablette.

Mais ça, c’était avant…comme l’indique la publicité. Ou devrais-je dire, en faisant l’analogie avec les médicaments, que ce sont les éventuels effets indésirables.

Et qu’en dépit de ces critiques, l’essor des tablettes numériques n’est plus à démontrer.

Illustrations dans le domaine de la santé (par pur hasard ;-).

Avec le constat que les tablettes numériques sont de plus en plus, présentes dans les hôpitaux.

Avec un atout majeur, celui de pouvoir faire accéder l’équipe médicale au dossier médical actualisé des patients et de mettre à jour automatiquement leur dossier de soins en mobilité. Comme par exemple la gamme d’applications (Easy-Soins , Easy-Médic) développées par l’éditeur Solware Life, fournie avec une tablette tactile Fujitsu. Ces applis permettent notamment un accès au dossier de soins, l’autorisation de la signature de soins et de la dispensation des médicaments, la saisie de constantes et de transmissions.

Il n’y a pas que les applications mobiles qui soient créées pour les hôpitaux, certaines tablettes sont également développées spécifiquement pour le milieu hospitalier, à l’image de la gamme de tablettes proposées par la société Mitac. Avec des spécificités liées à l’obligation de désinfection et des fonctions embarquées telles ce lecteur code à barres 1D/2D, « ce sont de véritables aides à la pratique pour les personnels soignants »,  selon le sales manager de Mitac en France.

Autre exemple d’utilisation de la tablette numérique en milieu hospitalier ; capter l’attention des enfants durant une opération afin de réduire le stress et la douleur. Une équipe médicale de l’hôpital mère-enfant de Lyon essaie de diminuer les doses de médicaments sédatifs grâce à l’anesthésie loco-régionale mais aussi grâce à l’utilisation de la tablette afin de distraire et détendre l’enfant. Les tests menés en ce sens semblent concluants. Voir le détail via ce reportage.

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Distraire les enfants durant leur séjour à l’hopital, c’est le sens de la démarche menée fin 2013, par l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris) : proposer 60 tablettes tactiles wi-fi et équipées d’applis ludiques et pédagogiques, afin que ces enfants restent connectés avec leurs proches et gardent un lien avec l’école. Pour en savoir plus

Enfin, à l’encontre des reproches listés plus haut, autour d’un éventuel retard moteur dû à un usage précoce des tablettes, il est intéressant de citer ici l’usage des mêmes tablettes au service des enfants autistes. Il existerait à ce jour, plus de 300 applications conçues par des éditeurs spécialisés, des associations, des centres de recherche autour de l’autisme.

Depuis plusieurs années, les chercheurs ont observé que les autistes entretenaient une relation «positive» avec les ordinateurs, spécifiant même que l’interface intuitive des tablettes favorisait la montée en puissance de leur utilisation auprès de ces patients. Facilité d’utilisation à comparer à la manipulation d’une souris ou d’une manette pouvant être un obstacle décourageant pour ces enfants. Les témoignages de parents et d’éducateurs, évoquent le fait que ces applications aident ces enfants à communiquer avec leurs parents, à apprendre et aussi à devenir plus autonomes.

De même, il était évoqué plus haut, le syndrome de la vision artificielle, auquel on peut contrebalancer les conclusions d’une expérience menée à l’Université de Montréal indiquant que les tablettes pouvaient aider les personnes âgées ayant une perte visuelle légère ou modérée à reprendre une lecture prolongée.

Le congrès 2012 de l’American Association of Ophtalmology, à Chicago avait même réalisé une étude consacrée à l’utilisation des tablettes numériques par les personnes aveugles et malvoyantes, listant favorablement les fonctionnalités d’accessibilité offertes par les tablettes face à la malvoyance, incluant les apports fonctionnels liées aux applications vocales et les développements en braille sur ces devices.

Cette liste d’exemples n’a vraiment rien d’exhaustive, mais démontre bien l’intégration de la tablette numérique au sein du quotidien de nombreux professionnels de santé et que son usage peut faire partie de la panoplie professionnelle et thérapeutique, selon les cas, du corps médical.

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Par Fabrice Vezin

Créateur du blog Le Monde de la e-santé

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