« l’homme qui vivra 1 000 ans est déjà né »… C’était l’affirmation du déjà renommé Laurent Alexandre dans son essai intitulé La Mort de la mort, paru en 2011. Ce chirurgien urologue de formation, diplômé de l’ENA, HEC et Sciences-Po, est le président de la société de séquençage de génome DNA Vision.

Laurent Alexandre est également connu pour avoir été le cofondateur de Doctissimo.fr avec Claude Malhuret….autant dire qu’il a une certaine disposition à anticiper les évolutions touchant au secteur de la santé.

Et pourquoi ne pas y croire un instant ? Tant les progrès de la science vont naître des perspectives incroyables dans les domaines de la technomédecine et des biotechnologies. Un acronyme est utilisé pour rassembler sous le même terme, ces nouvelles technologies, on les appelle les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Cognitique).

Des avancées technologiques dans le domaine de la santé, qui intéressent principalement un géant américain, qui pour le coup, semble s’éloigner de son domaine d’activité premier, le moteur de recherche. L’interview donnée au JDD par Laurent Alexandre, datant de février, est d’ailleurs assez édifiante, sur la stratégie secrète de Google et ses investissements dans l’intelligence artificielle. Intelligence artificielle qui sera 1 milliard de fois plus puissante que la totalité des cerveaux humains à l’horizon 2035, selon les dirigeants de Google.

Un fait qui sera à l’origine d’un véritable bouleversement du système économique actuel.

D’ici là, il semble bien que les évolutions technologiques autour du séquençage de l’ADN, aboutissent à une véritable phase de démocratisation. Rendue sans doute possible par la réduction des coûts, en effet, il faut savoir qu’en 10 ans, le coût du séquençage ADN a été divisé par 3 millions.

A titre d’exemple, pour le premier séquençage d’un génome humain, publié pour la première fois en 2003, il a fallu 22 000 chercheurs sur 13 ans (le  programme de recherche international « Projet Génome Humain », démarra en 1990), pour un coût total de 3 milliards de dollars. Aujourd’hui, on fait cela en quelques heures pour moins de 1000 dollars.

D’ailleurs outre-Atlantique, l’offre existe déjà, outre la société de Laurent Alexandre, dont le métier est le séquençage et l’interprétation de l’ADN, la société californienne Illumina , a présenté en début d’année, le système, HiSeq X Ten, une nouvelle génération de séquenceurs de gènes capables de séquencer l’ADN de 60 individus en un jour. Il consiste en un ensemble de 10 machines capables de traiter plus de 18 000 échantillons de génome humain par an.

En 2013, on estime à un million, le nombre  de personnes intégralement séquencées dans le monde.  Les prévisions parlent d’un milliard d’hommes et de femmes dont l’ADN aura été intégralement analysé vers 2022. De son côté, Laurent Alexandre prédit que tous les Français seront séquencés d’ici 8 ans.

Les avantages du séquençage sont important, non seulement cela va permettre de connaitre les pathologies avant qu’elles n’arrivent pour suivre des traitements préventifs. Mais également, cela  permet de personnaliser certains traitements, pour mieux cibler l’administration de médicaments ou de minimiser leurs effets secondaires désagréables en fonction du profil ADN du patient. Telle la recommandation datant de 2008, de l’Agence européenne du médicament préconisant un test génétique avant la prise d’un antirétroviral (l’Abacavir), car certaines personnes séropositives étant porteuses d’un polymorphisme particulier peuvent mal tolérer ce traitement. De même, en oncologie, des analyses génomiques permettent d’optimiser la chimiothérapie en fonction des altérations génétiques repérées dans la tumeur.

On le voit bien, les soins personnalisés sont le Graal de la médecine du XXIe siècle. Et on comprend mieux pourquoi Google a investi dans le séquençage ADN avec sa filiale 23andMe.

Filiale qui a toutefois rencontré des difficultés depuis novembre dernier avec la Food and Drug Administration, autour de ses kits d’analyse d’ADN, les « Saliva Collection Kit » et « Personal Genome Service », permettant de rechercher des facteurs génétiques pour la prévention des principales maladies (diabète , cancer..).

Décision qui tombe mal pour la filiale de Google, au moment où les instituts américains viennent de lancer un projet s’élevant à 25 millions de dollars, pour évaluer les bénéfices et les risques du séquençage de l’ADN de tous les nouveau-nés.

Mais gageons que Google œuvre pour que les choses rentrent dans l’ordre au plus vite….les tests génétiques représenteraient un marché annuel de 25 milliards de dollars, rien qu’aux États-Unis !

C’est drôle, mais en relisant l’article cité en début de ce billet, je ne peux m’empêcher de repenser à une pub récente menée par EDF sur les évolutions futures versus le scepticisme ambiant…

Alors ? Qui sait, on s’en reparlera peut-être, dans 1 000 ans !!!

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Par Fabrice Vezin

Créateur du blog Le Monde de la e-santé

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