La téléconsultation médicale assistée connaît une croissance rapide et promet de transformer l'accès au soin et les parcours de santé.…
La question mérite d’être posée, tant le géant de Cupertino investi dans le domaine depuis ces 2 dernières années.
Et côté français, le dossier médical personnel ressemble de plus en plus à un échec avec ses 418 000 ouvertures au lieu des 5 millions prévus, pour un coût global approchant les 500 millions d’euros depuis 2004.
Côté marché, le boom des objets liés à la santé connectée, avec l’émergence de pure-Player tels que Withings, iHealth ou Jawbone, fait naître un besoin de centralisation et d’organisation des informations santé ainsi collectées par la multitude de capteurs proposés.
Un marché qui par ailleurs, devrait peser rapidement plusieurs milliards de dollars. Rien qu’en France et selon GfK, les objets connectés représenteront 60 % des ventes technologiques en 2020.
Un marché à saisir pour le constructeur californien qui s’est donné pour mission de centraliser toutes les données santé de l’utilisateur. Et cela grâce à son HealthBook, que l’on peut traduire simplement par « le livre de la santé », et qui se veut être un véritable carnet de santé connecté.
Mais comment un constructeur de matériel informatique s’organise-t-il pour proposer une offre de services autour de la santé ?
Et bien en recrutant les bonnes personnes… et c’est toute la stratégie recrutement menée par la firme à la pomme, depuis 2 ans. Le groupe a ainsi embauché des pointures dans le domaine de la santé, tels que :
Jay Blahnik, le concepteur du bracelet intelligent FuelBand de Nike, recruté en août 2013.
Micahel O’Reilly, ancien responsable médical chez Massimo, un expert de la mesure de saturation en oxygène.
Roy J.E.M. Raymann, un spécialiste du sommeil, recruté au sein de Philips en février 2014.
Nancy Dougherty, spécialiste des capteurs biométriques chez Sano Intelligence.
Ravi Narasimhan, ancien vice-président de la R&D en capteurs biologiques chez Vital Connect.
Mais le recrutement ne s’est pas uniquement limité au secteur de la santé, avec l’arrivée du français Paul Deneve en juillet 2013. Paul Deneve, ancien PDG d’Yves Saint-Laurent, et nommé au sein d’Apple comme responsable des « projets spéciaux », tel le prochain lancement de la montre intelligente iWatch.
En fait, pour être totalement précis, il conviendrait de dire, dans son cas, qu’il s’agit d’un retour aux sources, car l’ex dirigeant de la maison de luxe, a déjà travaillé pour Apple en tant que responsable des ventes et du marketing de 1990 à 1997.
Les aspects réglementaires avec les autorités compétentes ont également fait l’objet d’une préparation sans faille. Apple a également embauché des médecins et des juristes avec une expérience de lobbying auprès de la Food and Drug Administration.
En ce début d’année, plusieurs vice-Présidents d’Apple ont rencontré des responsables de la FDA à plusieurs reprises afin de préparer le lancement de HealthBook, voir également celui de sa montre connectée ; l‘iWatch. Qui pourrait être étroitement liée au projet du healthBook.
Signe de l’ampleur du projet, les rumeurs indiquent qu’Apple aurait ainsi rassemblé en interne une équipe de 100 personnes pour travailler sur l’iWatch.
Mais à quoi ressemblerait l’healthbook ?
L’objectif ici est d’agréger les informations récoltées au travers d’applications et capteurs divers.
Ce carnet de santé serait fortement inspiré de l’application Passbook, qui permet de centraliser billets, coupons, tickets et autres cartes de réduction.
HealthBook utilisera cette présentation sous forme de cartes. Environ 12 cartes devraient être proposées. Chacune contiendra des informations sur un sujet particulier, tel que la pression sanguine, la fréquence cardiaque, le poids, la nutrition, le sommeil, ses paramètres biologiques …
Une « Carte d’Urgences », dont l’utilisation est dédiée aux urgences, contiendra toutes les infos importantes au sujet de l’utilisateur de l’iPhone : nom, date de naissance, informations sur les médicaments pris, groupe sanguin, allergies éventuelles, statut de donneur d’organe, adresse, etc. mais aussi un ou plusieurs contact(s) à prévenir en cas d’urgence.
Reste à savoir comment les équipes médicales pourront accéder à ces informations, si le propriétaire est inconscient et le smartphone verrouillé…
La sortie de l’application coïnciderait avec celle de l’iOS 8, car Healthbook serait une application intégrée par défaut à iOS8, dont la sortie est prévue en juin 2014, à l’occasion de la conférence WWDC de San Francisco, dédiée aux développeurs. Pour l’heure, et en revanche, pas de confirmation autour du lancement du HealthBook pour cet événement.
Mais comment collecter les informations de santé ?
En effet, concernant ce projet de carnet de santé proposé par Apple, la question des spécialistes porte plus sur l’existence d’un appareil capable de récolter les infos de santé. Et c’est là que l’on reparle de la fameuse montre connectée de chez Apple, l’iWatch, qui il faut bien le dire, se fait attendre depuis plusieurs mois. Un retard qui serait dû à la non-disponibilité de certains composants très spécifiques, nécessaires à sa fabrication.
Mais on imagine assez mal, Apple laisser le champ libre à la concurrence pour collecter des données grâce à leurs accessoires propres. D’ailleurs, le nombre de dépôts de brevet s’est accéléré au cours des derniers mois, notamment autour de l’iWatch au Japon ou concernant le brevet « Wrist Pedometer Step Detection » permettant de comptabiliser le nombre de pas effectués par l’utilisateur sur la base de ses mouvements de bras. Sans oublier celui décrivant un système permettant de déverrouiller son iPhone grâce à la reconnaissance des signaux électriques cardiaques de son utilisateur.
On le voit, les innovations seront au rendez-vous sous la forme de l’iWatch, une montre intelligente bardée de capteurs, prêts à collecter de nombreuses données de santé.
Une sortie attendue donc, à l’heure où la concurrence s’organise autour de cette idée de collecte de donnée liée à l’utilisation de son smartphone, tel le Galaxy S5 de Samsung qui a intégré un cardiofréquencemètre.
Donc, pour conclure, donnons-nous RDV en juin pour déterminer si les personnes de 50 ans (et les autres) ont plus intérêt à avoir à leur poignet une iWatch ou une… Rolex.
Par Fabrice Vezin
Créateur du blog Le Monde de la e-santé